" Mal embouchés, insolents, espiègles Jusqu'à la méchanceté et déjà cyniques, il nous prenait souvent une sorte de rage inouie à noircir ce qui était blanc, à maculer ce qui était propre. Pour un oui pour un non, on sortait nos mâts de cocagne et on faisait l'arroseuse municipale, on extrayait nos siphons et on irriguait les trottoirs. Des humecteurs de bitume ! On pissait sur tout ce qui bougeait, les salades de l'épicier, les journaux, la mobylette de Mânu, les boîtes aux lettres... Notre idée pour plus tard, c'était de faire, lui l'Arabe, cheminot, et moi, grand rabbin de France. Les vieux nous disaient qu'il fallait attendre, on se demandait bien pourquoi puisqu'on bandait et qu'on fumait déjà. ["..] " Seul à Paris le soir de son anniversaire, un homme se souvient. 1960, l'année de ses dix ans. ,Marseille, ses vieux quartiers, leurs habitants et, perchés sur les hauteurs des faubourgs, dans la rue Saint-Estronc, encore privée du tout-à-l'égout, les invraisemblables Estroniens. Avec une jubilation qui fait fi de tous les tabous, .Michel Albertini met en scène ce petit peuple des merdicoles, leurs passions, leurs drames, leurs guerres intestines. Une galerie de portraits étourdissante de drôlerie, dans un Marseille vibrant d'exubérance et de nostalgie.